DIRECTEUR ARTISTIQUE DU FICAM, MOHAMED BEYOUD EST UN MILITANT DU CINÉMA D’ANIMATION DES PLUS ACHARNÉS. FORT DE SON EXPÉRIENCE DANS LE FICAM, MAIS ÉGALEMENT EN TANT QUE MEMBRE DU JURY LONG MÉTRAGE, PUIS DU PRIX ANDRÉ MARTIN AU PRESTIGIEUX FESTIVAL D’ANNECY, IL PARTAGE AVEC NOUS LA VISION DU FICAM POUR L’AVENIR DU CINÉMA D’ANIMATION AU MAROC.
Et si on parlait du bilan des 18 ans du FICAM ?
Je pense que, dans l’absolu, tout est perfectible évidemment. Mais, au FICAM, nous n’avons jamais cessé de nous remettre en question, afin de nous améliorer. Je pense que ça se ressent aujourd’hui, puisqu’on a atteint un certain niveau d’organisation et de programmation qui n’est pas des moindres. Surtout en comparaison avec les grands festivals dans le monde, en particulier le festival d’Annecy qui est la Mecque du cinéma d’animation. Nous n’inventons pas la roue. Nous nous inspirons des meilleurs, tout en gardant la spécificité marocaine, dans un contexte où il n’y a pas beaucoup de salles de cinéma, où les gens ne paient plus pour voir des films au grand écran.
Pourtant le théâtre de l’IF est, à chaque fois, noir de monde…
Et les gens paient pour assister au film. C’est là une politique que l’on a décidé dès le départ, car la culture se paie et se mérite. Evidemment, le tarif est symbolique et nous offrons des gratuités, mais de façon intelligente.
Nous offrons des places à un public qui s’intéresse vraiment, que ce soit des étudiants ou des associations qui font un travail d’éveil culturel sur le cinéma d’animation. Pour le film «Zero Impunity» par exemple, Frère Stéphane, qui travaille au centre Saint Antoine avec les gens de la vieille médina de Meknès, a réalisé un travail d’encadrement en amont pour expliquer la thématique du film.
En effet, Il y a une diversité dans le public.
C’est l’une des plus grandes fiertés du FICAM. Parce qu’il y a eu un réel travail pour toucher le ou les publics. D’abord, il y a des jeunes et des adultes. Ceux-là mêmes qui déposaient leurs enfants à l’entrée de l’IF et les récupéraient à la sortie prennent aujourd’hui leur ticket pour assister aux films. Il y a des films réservés aux adultes qui font salle comble, comme vous l’avez vu, parce qu’ils ont compris qu’il ne s’agit pas d’un festival pour enfants. Ensuite, on fait tout pour toucher un public qui n’est pas habituel de l’IF et cela sera davantage possible et efficace, lorsqu’on pourra investir dans d’autres lieux de la ville.
Et donc vous voulez créer un public pour le cinéma d’animation ?
Tout à fait. D’ailleurs, un cumul de connaissances en matière de cinéma d’animation se ressent dans la qualité des débats et des interventions du public. Les invités en sont toujours agréablement surpris. D’autre part, on n’aurait pas pu projeter les documentaires d’animation, auparavant, parce que le public ne disposait pas encore des outils pour les accueillir.
Les leçons de cinéma, les making of, les work in progress… Tout cela contribue à élargir les connaissances du public, surtout la nouvelle génération qui est à même de s’intéresser de plus près au cinéma d’animation et de donner, dans le futur, des auteurs et des réalisateurs.
Mais alors où vont se former ces jeunes ?
C’est là un rêve que nous nourrissons depuis toujours: lancer une filière animation à Meknès, pour former de jeunes artistes. A ce titre, je tiens à rendre hommage à Mardochée Devico, président de la Fondation Aïcha, qui porte ce projet à cœur et désire faire de Meknès l’Angoulême du Maroc. Il y a, donc, des contacts entrepris en ce sens, au Maroc et à l’étranger. Sincèrement, je pense qu’il faut encore du temps et du travail, mais que nous nous acheminons vers un avenir heureux pour le cinéma d’animation au Maroc.