«Je crois que dans notre équipe, personne n’avait imaginé que la série serait aussi bien accueillie et aurait un tel succès»
Cette année, la célèbre série américaine «Les Simpsons» fête ses trente ans au Maroc. Rencontré lors du Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM), son producteur et réalisateur, l’Américain David Silverman, revient sur le développement et la production de cette success-story. Avec 4 Emmy Awards du meilleur réalisateur, David Silverman est considéré comme l’une des figures de proue du cinéma d’animation international.
Vous célébrez cette année le 30e anniversaire de vos personnages au Maroc. Quelle est votre impression ?
David Silverman : C’est un honneur de fêter ici au Maroc les trente ans de la série «Les Simpsons» dans laquelle je suis impliqué depuis ses débuts. C’est le fruit de plusieurs années de travail avec des gens agréables et compétents, souvent plus drôles que moi, plus talentueux, et meilleurs dessinateurs. Par ailleurs, je suis agréablement surpris par l’engouement des jeunes élèves marocains issus des établissements scolaires pour la projection des films en 3D. Le cinéma d’animation attire tout le monde, tous âges confondus, mais voir les enfants s’y mettre avec beaucoup d’enthousiasme me réjouit. Tout cela démontre la qualité du travail pédagogique et des outils d’appréciation artistique en faveur des élèves. Et le FICAM leur offre l’occasion de s’épanouir et s’ouvrir sur les différentes écoles d’animation mondiales.
Pourquoi les personnages de la série sont-ils devenus des icônes dans le monde entier ? Quel est le secret de cette success-story ?
Partout dans le monde, on nous pose cette question sur le secret de la série. Nous-mêmes, on ne sait pas comment cela s’est produit. Je crois que dans notre équipe, personne n’avait imaginé que la série serait aussi bien accueillie, et ait un tel succès. Je pense que les dessins ont plu, mais que ce sont surtout les idées conçues par toute notre équipe qui ont porté leurs fruits. Les personnages sont apparus pour la première fois dans les séquences de 15 secondes du Tracey Ullman show. C’est comme cela que moi, qui animais ces pastilles, j’ai fait mon apprentissage à côté de toute l’équipe. Nous nous sommes rendu compte que l’on pouvait raconter une histoire assez développée en ce court laps de temps, et intégrer pas mal de gags au passage. Je crois que c’est parce que cela nous plait et que nous bénéficions d’une marge de liberté qui est assez importante. Nous sommes libres de dire ce que nous voulons, et de choisir les thèmes de nos histoires. Nous sommes censés répondre aux exigences du comité de surveillance des programmes, mais de toute manière, nous ne répondons pas vraiment à leurs messages.
«Les Simpsons» est encore dans le «top 20 show». Est-ce que vous pensez à une nouvelle saison de la série ?
Oui, nous sommes en train de travailler sur les 29e et 30e épisodes en même temps. Nous nous amusons en y travaillant. Cette atmosphère créative est ce qui nous permet de garder la pêche et de continuer à nous amuser.
Considérez-vous que les personnages des Simpsons ont beaucoup évolué en 30 ans d’existence ?
Au tout début, dans les segments de 15 secondes du Tracey Ullmann show, Homer était nettement plus méchant qu’aujourd’hui. Il causait beaucoup de problèmes à Bart. Bart était plus indécis, il ne jouait plus le rôle de la victime d’Homer. Par la suite, en travaillant sur la série, nous nous sommes rendu compte qu’Homer était une formidable source de gags, et il est devenu le personnage central des épisodes. C’est un travail d’arrache-pied, sur les textes, les dessins et sur la conversion des personnages de la 2D à la 3D.
À propos, n’était-ce pas un exercice complexe de convertir vos personnages à la forme 3D ?
C’est un exercice à la fois plaisant et complexe. Nous avons dû nous associer à pas mal de personnes qui ont apporté leur grain de sel. Des écrivains, des scénaristes, des acteurs, des voix-off, entre autres, ont tous contribué à l’essor de cette série et l’ont propulsée à des sphères inédites. Je pense que les décisions créatives avec les autres auteurs et les autres producteurs y ont été pour beaucoup. En travaillant tous ensemble, nous n’avons pas établi un consensus, mais plutôt une vision commune de la série, que nous partageons tous, et qui me satisfait complètement. Et nous avons eu exactement le même type de collaboration sur le film. Je voulais juste préciser que nous continuons à nous faire du souci pour la série, et que nous y pensons tous en dehors des heures de travail. Elle reste présente dans nos esprits, même au bout de toutes ces années.
Le Matin