UN BUDGET DE 800 MDH A ÉTÉ CONSACRÉ À LA RÉHABILITATION ET LA REVALORISATION DU PATRIMOINE HISTORIQUE DE LA MÉDINA (594 MDH), LA CRÉATION DE 3 PARKINGS DANS LA MÉDINA (40 MDH) ET L’AMÉLIORATION DE L’ATTRACTIVITÉ TOURISTIQUE ET ÉCONOMIQUE (166 MDH). LA VILLE IMPÉRIALE ENTRERA ENFIN DANS LA COUR DES VILLES TOURISTIQUES GRÂCE NOTAMMENT À UN RENFORCEMENT DE LA CAPACITÉ LITIÈRE À 4 105 LITS AVEC 412 LITS EN COURS DE RÉALISATION. LE PLAN D’AMÉNAGEMENT DE LA VILLE DE MEKNÈS SERA PRÊT LE PRINTEMPS PROCHAIN.
La ville de Meknès va enfin voir sa Médina, sa cité impériale (Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996) et ses monuments historiques restaurés et réhabilités. C’est ce qui a été annoncé lors des Media Impact Days organisés du 17 au 19 janvier par le Conseil préfectoral du tourisme (CPT) de Meknès au profit de journalistes marocains et internationaux, notamment membres de la Fédération internationale des journalistes et écrivains du tourisme (FIJET) et de son antenne marocaine.
Ces monuments (palais, mosquées, greniers, écuries, bassins, jardins et kasbahs) datant, en bonne partie, de l’époque du Sultan Moulay Ismaïl (qui régna de 1672 à 1727 et qui avait décidé de faire de Meknès la plus belle des villes impériales et la capitale du Maroc), auront une seconde vie. Mais pas seulement. Une convention relative à la réhabilitation et la mise en valeur des monuments sur la période de 2020 à 2023 a été signée par les ministères de l’intérieur, de l’habitat, de la culture, la région Fès-Meknès et le conseil communal de Meknès. A cet effet, une enveloppe budgétaire de 800 MDH a été mobilisée. Cette opération d’envergure porte sur 3 grands axes relatifs à la réhabilitation et la revalorisation du patrimoine historique de la Médina (594 MDH), l’amélioration de l’accessibilité et de la circulation dans la médina (40 MDH pour la réalisation de 3 parkings) et enfin l’amélioration de l’attractivité touristique et économique (réhabilitation des foundouks et kissariats, circuits touristiques et infrastructures de proximité (166 MDH). La mission a été confiée à l’Agence pour le développement et la réhabilitation de la Médina de Fès (ADER-Fès) en tant que maître d’ouvrage délégué. «Avec son expertise acquise depuis 1981, date à laquelle la Médina de Fès a été classée Patrimoine mondial de l’Unesco, l’ADR a été choisie pour chapeauter ces projets. Les experts de l’ADR commencent par vérifier les termes de référence. Les entreprises qui seront sélectionnées sont spécialisées dans la construction et reconstruction des demeures et édifices antiques. Vu leur expérience dans la réhabilitation de l’ancienne Médina de Fès, elles seront pour la plupart issues de cette ville, sans omettre la présence d’entreprises meknassies. En tout cas, les travaux devront commencer dans 2 à 3 mois. L’objectif est d’achever les projets à la date d’échéance en 2023», déclare Mohamed Saji, directeur du CPT de Meknès.
Par projet, le premier axe dédié à la réhabilitation des ksours et des monuments historiques a reçu un budget 594 MDH réparti comme suit: Kasr Al Mansour: 130 MDH, Sehrij Souani: 21 MDH, Hri Souani: 170 MDH et la prison Kara: 48 MDH.
37 MDH pour les mosquées et les Médersas
En outre, 14 portes historiques (Babs) seront réhabilitées à hauteur de 66,5 MDH. Bab Mansour recevra, à lui seul, une enveloppe de 10 MDH pour sa réhabilitation. La Place Lhdim bénéficiera d’une enveloppe de 26 MDH et la Place Al Michouar de 20 MDH. Les murs et les forteresses historiques (12 km de longueur) bénéficieront de 56 MDH. Les mosquées et les médersas recevront 37 MDH. En détail, la Médersa Bou Inania (20 MDH), la Mosquée Lalla Aouda (10,5 MDH) et la Médersa Filalia (6,5 MDH). Les 4 tours (Al Abraj) seront restaurés pour un budget de 17 MDH : Borj et Bab Kabich (3,5 MDH), Borj Bibi Aicha (8 MDH), Borj Chrichira 3 MDH et Boj et Bab Naoura (2,5 MDH). Les 8 fontaines de la Médina auront une enveloppe de 2,5 MDH. Le deuxième axe est relatif à la réalisation de 3 parkings (un parking sous-sol à Bab Rha d’une capacité de 400 voitures pour 30 MDH, le parking Zine El Abidine de 300 places à 6 MDH et le parking de la place de la Chambre de l’artisanat d’une capacité de 100 voitures pour 4 MDH). Enfin, le troisième axe relatif à l’attractivité touristique et économique de la ville profitera d’une enveloppe de 166 MDH. Un budget de 46 MDH sera consacré à la rénovation et le réemploi de 6 foundouks (40 MDH) et de la kissariat de la soie (6 MDH). La création de 4 circuits touristiques bénéficie, elle, d’un budget global de 100 MDH. En détail, la création du circuit de l’ancienne Médina coûte 42 MDH, le circuit du Mellah (quartier juif), Sekkakine et Cheikh Kamel (37 MDH), le circuit Dar Lekbira (18 MDH) et le circuit des bus touristiques (3 MDH). Enfin, une enveloppe de 20 MDH sera consacrée aux infrastructures de proximité. Il s’agit de la réhabilitation et de l’équipement du centre d’accueil du Foundouk lhenna (5MDH), la reconstruction et la réhabilitation du club féminin «Bab Gnaoua» (3MDH), la réhabilitation et l’équipement du club dédié aux femmes «Inbiat» (2MDH) et la construction et l’équipement de la salle de conférences et la réhabilitation de la Maison des jeunes Abdelkrim Al Khattabi (10 MDH).
Meknès en manque d’infrastructures d’animation touristique
La ville des mille et une murailles (1001), étalées sur 44 km, sera donc métamorphosée. Avec un tel potentiel historique, elle peut s’octroyer une place de choix parmi les villes touristiques du pays. Encore faut-il renforcer la capacité litière de la ville estimée jusqu’à aujourd’hui à 77 établissements d’hébergement, soit 4105 lits, 7 restaurants touristiques classés, 30 agences de voyages, 85 guides du tourisme et 4 sociétés de transport touristique. Le secteur touristique génère aujourd’hui 2 200 emplois directs et 4 600 emplois indirects. Ce qui reste insuffisant.
Selon Adil Terrab, président du CPT de Meknès, 6 nouvelles unités sont en cours de réalisation, soit 412 lits pour un investissement de 167 MDH. «En outre, 9 unités supplémentaires sont à l’étude correspondant à 654 lits pour une enveloppe de 139 MDH», renchérit-il. Mais le développement de l’infrastructure touristique et d’animation est tributaire du nouveau plan d’aménagement qui devrait voir le jour dans 4 mois. «Dans 4 mois en effet, le plan d’aménagement de la ville de Meknès sera prêt. Ce qui permettra d’enclencher des projets d’hôtellerie et d’animation touristique. Outre la restauration et la réhabilitation de notre patrimoine, l’aménagement des zones touristiques est capital pour le développement du tourisme», déclare un professionnel de la ville. Vu son infrastructure touristique limitée, Meknès ne bénéficie pas encore de la promotion qu’elle mérite, d’autant plus qu’elle dispose des atouts nécessaires pour le tourisme de demain: l’éco-tourisme et le tourisme rural (dans les environs d’Azrou et El Hajeb) ainsi que le tourisme culturel (Médina, monuments et la cité romaine de Volubilis) et spirituel (Moussem de Moulay Idriss Al Akbar).